Le boycott, c’est un peu le mot du moment. Coupe du Monde au Qatar, Black Friday, Amazon… nombreux sont les conversations et les partis pris autour de cette notion, avec son lot de culpabilisations, pressions et débats.
Mais c’est quoi l’idée, au juste?
Le boycott c’est quand on refuse, souvent en masse, d’acheter des produits ou services d’une entreprise, ou de participer à des élections ou des événements. Le but est de faire pression sur une entreprise ou un état parce qu’on est en désaccord avec ses actions. Plus les boycotteurs sont nombreux, plus la pression est importante. L’idée étant de faire “plier” la cible et qu’elle modifie ses pratiques.
Mon combat est-il le combat d’un autre?
Vous avez déjà la réponse : bien sûr que non! Si les boycotts sont nombreux, on trouvera toujours que certaines causes sont boy-surcôtées, tandis que d’autres auront droit à toute notre attention.
Source de longs débats, on se retrouve à défendre nos opinions sur des actions qui nous tiennent à cœur. Et c’est souvent là le problème. Boycotter demande généralement un certain sacrifice à celui qui l’applique.
Prenons l’exemple d’Amazon : quand on décide de ne pas acheter à cette entreprise, on doit faire une croix sur un prix et un service défiant toute concurrence. Or accepter de payer plus cher ses produits dans une entreprise plus vertueuse, et attendre quelques jours de plus pour être livré, voire se déplacer pour faire ses achats, c’est frustrant.
Mais quand on prend sur soi ces contraintes, on a tendance à regarder d’un mauvais œil ceux qui ne font pas le même choix. C’est légitime. Pourtant, ne doit-on pas accepter que le boycott est avant tout une décision individuelle? Que c’est là le cœur de toute action collective, rassembler des individus ayant une cause commune?
Dois-je tout boycotter?
Se désengager demande de l’effort ; nombreuses sont les causes à défendre. Et la quasi-totalité des appels à boycott ont de bonnes raisons à mettre en avant. L’idéal serait de les soutenir toutes, mais elles ne sont pas sans conséquences sur notre quotidien.
Comment se passer de son mobile, même si on sait que ses composants sont extraits de mines par des enfants ou des populations pauvres, mis en dangers et exploités?
Comment “vibrer football” quand on connaît toutes les aberrations écologiques et sociales engendrées par le choix du pays d’accueil de la Coupe du Monde?
Comment acheter des vêtements dans nos boutiques favorites quand on apprend que leur fabrication s’est faite avec l’exploitation du peuple Ouïghour?
Les exemples sont si longs que tout boycotter réduirait nos vies à une contrainte lourde et quotidienne. Et pourtant, n’est-il pas temps de stopper ce cercle vicieux de la consommation excessive et impactante sur la planète comme sur l’humain?
La balance, c’est à nous de l’équilibrer, avec nos émotions et l’effort que nous sommes prêts à fournir. Personne n’a à nous dicter nos choix.
N’écoutez pas celui qui se moquera parce que vous boycottez la Coupe du Monde de football avec dans la main le dernier smartphone plein de “minerais de sang”. Chaque combat en son temps. On peut vous informer, mais pas vous obliger. Ce serait contre-productif.
Comment faire que mon boycott ait la côte?
Vous avez un cheval de bataille qui nécessite une communauté de boycotteurs et vous ne savez pas comment rallier le plus de mondes possible à votre cause?
Tout d’abord, apprenez à la “pitcher”, comme disent les jeunes entrepreneurs ! Plus votre discours sera fluide et étayé des bons arguments, plus il favorisera l’engagement. Trouvez également des arguments qui parlent à votre interlocuteur.
Dire à un chasseur qu’il ne devrait pas manger de viande pour préserver la vie des animaux, c’est peine perdue. Mais lui suggérer d’en manger deux fois moins et compenser par d’autres sources de protéines, c’est déjà plus audible.
Exit la culpabilisation, préférez le dire avec le sourire : “Toi qui cuisines si bien le ragoût, tu devrais essayer une version végétarienne, je suis sûr que tu ferais des miracles !”. Surtout, ayez toujours une bonne alternative à proposer : “Je n’achète plus mes livres sur Amazon. J’ai trouvé un site de librairie indépendante en ligne super réactive. Je te donnerai le lien si tu veux.” Et sinon, piochez dans les conseils de tata Odile.
Les 7 conseils de tata Odile pour un boycott à la mesure de ses valeurs
- Bien se renseigner sur les causes qui nous paraissent importantes, pour être sûrs d’être en phase avec notre décision.
- Pour les achats et services, privilégier au maximum les petites structures locales (remplacer le supermarché par les marchés, par exemple, permet plus de transparence sur le produit consommé).
- Se demander si l’objet / l’événement boycotté est essentiel à nos vies (ai-je vraiment besoin d’acheter cette jolie montre à -50% pendant le Black friday?).
- Avoir un plan B pour remplacer l’action supprimée (si j’écarte mon iphone, quel mobile plus vert et qui répondra à mes besoins de bonnes qualités de photos, par exemple?).
- Ne pas blacklister les personnes de mon entourage qui ne portent pas d’attention à ma cause et ne la rejoignent pas. Rester tolérant et parler de ses combats avec passion mais sans pression. On convertit toujours plus avec un sourire qu’avec un fusil, non?
- Rejoindre des associations qui oeuvrent pour changer les choses qui vous tiennent à coeur : ensemble, agir est plus facile ;
- Faire la liste de ses boycotts. C’est toujours plus motivant de se retrouver face à ces actions. Et plus la liste s’allonge, plus on se sent fier.
Et Odile, qu’est-ce qu’elle boycotte la cocotte?
Aujourd’hui je suis assez fière, parce que ma liste d’actions s’allonge et mes boycotts, je les vis plutôt bien. J’ai même réussi à convaincre et emmener avec moi d’autres boycotteurs, à ma petite échelle. Je sais que j’ai encore d’énormes progrès à faire, en commençant par le boycott de ma marque de téléphone portable et de mes réseaux sociaux. Il me reste encore quelques lettres de l’acronyme GAFAM à éliminer de ma vie. Et pas que. On focalise sur ces 5 entreprises, mais c’est tout un système que l’on doit scruter, pour consommer en conscience. Je ne désespère pas d’y arriver un jour.
L’idée à bien garder en tête, c’est que chaque combat mérite d’être mené, mais on ne peut pas mener tous les combats. Et vous, vous êtes plutôt boycott-adepte ou boycott-sceptique? Dites-moi tout !
