Le pot à mots

Aujourd’hui, il parait que c’est le “blue monday”. Qui le dit? La presse, les stats, les réseaux “soucieux” et tous ceux qui ont envie de parler de la pluie et du beau temps de votre mental. Pourtant, à l’échelle de l’individu, la morosité peut se pointer n’importe quel jour de votre année, voire plusieurs jours, successifs ou éparpillés. Le tout, c’est de trouver des solutions pour la chasser à grands coups de balai.

Là je parle de moi en mode tristouille, mais promis après j’arrête

L’année dernière, j’ai eu pas mal de hauts et de bas, de secousses sismiques, allant jusqu’à 9 sur l’échelle de Rifter* (*comprenez mon camion Peugeot Rifter quand je roule sur un chemin caillouteux, c’est ma seule référence en matière de tremblements indomptables). Et pas que le deuxième lundi de janvier, non, toute l’année. Dans ces moments, on se sent très seuls, même si on est entourés. Parce que cet état de vide est souvent dur à expliquer, et qu’on essaie de le gérer seul.e pour ne pas perturber et impliquer ceux qu’on aime. Enfin pour ma part, c’est plutôt comme ça que je fonctionne : une forte envie de crier à l’aide, mais aucun courage pour le faire. Je préfère me cacher dans un coin et attendre que ça passe, et c’est quand ça commence à s’estomper que je finis par en causer. 

Premières solutions qui valent ce qu’elles valent

J’ai la chance d’avoir de belles personnes autour de moi, bienveillantes et pleines de ressources. Du coup, quand je sors de ma tanière avec des traces de larmes sur les joues (“mais non, j’ai juste un truc dans l’oeil, bon sang que ça fait mal!”), on me donne tout un tas de tips “feel good” pour aller mieux : 

• « Note dans un carnet tes succès, tes fiertés, pour reprendre confiance quand ça ne va pas »
• ou « Fais-toi une liste de chansons ou vidéos punchy qui remontent le moral »;
• ou encore « Accueille tes émotions, laisse-les te traverser, c’est “ok” et c’est comme ça qu’elles vont passer ».

Merci les copines (qui se reconnaîtront) pour vos chouettes conseils. Ils font du bien et je ne vous remercie pas assez.

Le seul hic, c’est que ces petites choses qui boostent, je ne les actionne que quand ça commence déjà à aller un peu mieux. Avant, ça me semble impossible tellement je suis occupée à creuser mon puits.

Et puis il y a eu ce cadeau, à Noël

Je ne vais pas la citer, mais une très gentille nana m’a offert un pot, avec plein de mots à l’intérieur, sur des petits papiers froissés. Aidée de ma fille qui en a ajouté. Elles ont écrit des tas de choses gentilles et sincères, sur un peu tous les domaines qui me caractérisent. Il y a aussi des mots drôles. Elles m’ont encouragé à en faire déposer par ceux qui le souhaitent (les hommes de la maison devaient en écrire, j’attends encore… les gars, si vous me lisez…)

Donc dorénavant, j’ai un pot à mots sur le bureau, prêt à dégainer ses gentillesses à la moindre chute de moral : j’en sors un papier, je le lis et m’imprègne de la bienveillance de la personne qui me l’a adressé. Et ça me fait un bien fou. Je m’autorise même à en sortir plusieurs, si le besoin est grand.

Pour être la plus transparente possible, il y avait aussi des bonbons dans le pot et je les ai déjà tous mangés parce que je suis gourmande. Oui j’ai eu honte, donc j’ai sorti un autre mot pour me consoler… mais comme dirait Camille Lellouche… ne me jugez paaaas haaaa!

Pourquoi ça fonctionne, ce pot?

Raconté comme ça, cette solution anti grise-mine peut paraître gnan-gnan à souhait. Un conseil de plus dans la longue liste des idées “feel good” qui nous agacent terriblement quand on se sent pas bien, une distraction à bobo qui n’a pas de vrai problème dans sa vie. Et pourtant, ça fait du bien. La raison essentielle, c’est que vous obtenez de l’aide immédiate sans avoir à la réclamer au moment où vous allez mal. Cette main tendue était là sous votre nez et attendait patiemment le jour où elle serait utile. Puis elle a beaucoup plus de crédibilité, cette gentillesse, parce qu’elle a été écrite un jour normal, sur la base de vos qualités quotidiennes. C’est différent d’un discours qu’on vous fait pour vous remonter le moral, au moment où ça ne va pas, en fonction de votre faiblesse du moment, car parfois on n’y croit pas.

Les 7 conseils de tata Odile

Vous aussi, vous avez des moments où vous êtes “down” et ne savez pas trop comment vous soulager? Trouvez un pot, demandez à vos proches de confiance d’y glisser quelques mots à votre attention. Puis quand la déprime approche, voici quelques conseils :  

• bien avant la crise : anticipez vos coups de mou et prenez le temps d’écrire sur un carnet vos fiertés et vos succès (professionnels, personnels). Par exemple, “j’ai conduit tout.e seul.e pendant 450km alors que je ne suis pas à l’aise au volant”, “c’était ma première présentation de projet à l’équipe et on m’a félicité pour sa clarté”, etc…
• aux prémices : sortez un ticket du pot à mots et savourez, souriez à ce qu’on vous a écrit ;
• pendant : ça ne va toujours pas? “pleure tu pisseras moins” comme disait ma mère. Ou “laisse ton émotion s’exprimer » comme dit ma copine Agathe, c’est plus joli !
• quand vous avez fini de pleurer : allez vous défouler (sport, balade, chant) pour extérioriser et vous sentir vivant, actif ;
• quand ça va un peu mieux : relisez votre carnet, celui du conseil numéro 1, qui répertorie vos fiertés. Vous voyez, vous êtes quelqu’un de capable de plein de belles choses, même à petite échelle, c’est important.
• fin de déprime : pensez à remercier pour les petits mots, ça montre que vous les lisez et qu’ils vous sont utiles. Et si vous avez quelqu’un qui veut bien vous tendre les bras, foncez vous lover dedans. Les câlins libèrent des endorphines, effet immédiat !
• écrivez à votre tour des petits mots à des personnes qui ont une place dans votre vie. Maintenant que vous savez que ça fait du bien, vous aurez envie de soutenir à votre tour. Peu importe qui, d’ailleurs. Pas besoin d’être super proche pour donner un peu de gentillesse.

Alors, convaincus? 

C’est le moment de faire une clé de bras au “blue monday” et aux autres jours “sans” pour les mettre définitivement hors jeu, en créant votre propre pot et en demandant à votre entourage de participer. J’y glisserai des petits mots pour vous dire combien vous êtes géniaux, si vous me l’autorisez! Vous verrez, ça ne peut que vous faire du bien, on parie que vous allez adorer? Et comme le dit la devise, “c’est dans les vieux pots à mots qu’on fait les meilleurs soutiens” … ou quelque chose de ressemblant 😉